Amplitude du déplacement selon l’heure. En ordonnée à gauche, l’amplitude du déplacement (%) en fonction de l’heure selon la hauteur des branches (étiquettes de couleur)
C’est un fait connu depuis des siècles : le règne végétal possède ses propres biorythmes, le tournesol représentant l’un des exemples les plus populaires. Directement dépendantes de la photosynthèse, les plantes doivent naturellement s’adapter au mouvement du soleil et à l’alternance jour/nuit. Les scientifiques avaient déjà réussi, en laboratoire, à observer le repos circadien d’espèces végétales de petite taille. Cette prouesse restait encore à accomplir sur le terrain, à l’échelle d’un grand arbre dans son environnement forestier.
Des lasers dans les cimes
Mais comment observe-t-on un arbre dormir ? L’équipe de chercheurs a eu la bonne idée de recourir à des lasers en guise de capteurs, une instrumentation facile à déployer sur le terrain et capable de détecter les plus petites déformations géométriques. Afin de s’assurer que le vent ne puisse pas influencer les résultats, l’expérience a été répétée sur deux sites distincts en Autriche et en Finlande. Il a aussi fallu choisir des jours de météo clémente pour écarter toute action mécanique du vent, et suffisamment proches de l’équinoxe d’automne pour que le soleil soit le plus proche possible du zénith.
Une telle technique d’imagerie laser appliquée aux arbres est une première dans le champ des sciences végétales, et demande désormais à être généralisée à d’autres espèces que le bouleau. D’autant plus que cette étude doit encore être doublée d’une analyse physiologique précise qui confirmera les causes exactes du phénomène : “Ces oscillations nocturnes sont certainement liées à des fluctuations dans la quantité d’eau et sa pression dans les branches”, estime Eetu Puttonen, auteur principal. De quoi intéresser la science, mais aussi les industriels. “Mieux comprendre les cycles d’activité végétaux pourra par exemple aider les sociétés forestières à mieux planifier leurs périodes d’exploitation.”
Article de Sarah Sermondadaz du magazine Sciences et avenir : L’étonnant sommeil des arbres